HEAL Africa, ZS de Alimbongo : à contre-courant de la crise humanitaire liée aux conflits armés

C’est depuis le mois de Mai 2019 que HEAL Africa s’emploie à remédier à la crise humanitaire liée aux conflits armés accompagnés de graves violations des droits humains dans la zone de santé de Alimbongo, en territoire de Lubero, Nord-Kivu. D’une part, des femmes se font violer soit à domicile soit au champ, et ne peuvent que se terrer dans le silence par peur du rejet que leur afficherait la communauté après la dénonciation. « Démasquée, une femme violée ne vaut plus rien ici », a révélé une survivante.

De l’autre part, il est très fréquent de tomber sur un enfant présentant de grands signes de malnutrition dans la rue, du moins un qui a encore un peu de force qui lui permette le luxe de jouer avec ses petits camarades au quartier. Pour cause, les ménages n’intègrent pas les élémentaires de l’alimentation saine et équilibrée suite, entre autres raisons, à l’économie précaire des familles de la région à l’aval des conflits qui en ont marqué l’histoire.

Cet effort de HEAL Africa se place dans le cadre de l’exécution d’un projet en consortium avec CEPROSSAN et CARITAS Butembo-Beni, avec le financement du Fonds Humanitaire en RDC 2019 –FHRDC–, visant l’objectif de contribuer à l’amélioration immédiate des conditions de vie des personnes affectées par la crise, en particulier les femmes et les enfants, étant les plus vulnérables, dans la Zone de Santé de Alimbongo.

Former les praticiens de la zone de santé pour un relèvement sanitaire global

Tout au long de son exécution, le projet a mené diverses activités centrées sur la capacitation des prestataires de santé de la région. Des 21 aires de santé qui composent la zone de santé de Alimbongo, six ont vu leur personnel formé sur la prise en charge psychosociale, médicale et nutritionnelle des survivantes des violences basées sur le genre, la prise en charge de la malnutrition aigüe, la prise en charge intégrée des maladies de l’enfance, et les soins obstétricaux du nouveau-né en urgence.

Il s’agit plus exactement de 60 relais communautaires, 13 agents psycho-sociaux, 96 infirmiers et nutritionnistes formés durant l’exécution du projet. A ce sujet, Sr Marie Desiderata KAVIRA VIKALI, Infirmière Titulaire du centre de santé Tumaini Letu du village Lubango a reconnu, « formés, nos interventions sont plus précises, et nos résultats concluants ».

Le centre de santé de Vutsorovia, comme bien d’autres de la zone de santé d’ailleurs, prend maintenant en charge des cas de malnutrition aigüe tel que l’a révélé Mme Kaswera Kitunda Jeanne, Infirmière Titulaire : « cela nous faisait de la peine que de déplacer des enfants déjà trop faibles vers des structures sanitaires plus importantes, les amenant ainsi à parcourir plusieurs dizaines de kilomètres à pieds pour accéder aux soins appropriés. Maintenant que notre personnel a été formé sur la prise en charge de la malnutrition, nous nous occupons de ces enfants ici même ».

Appui aux structures sanitaires dans un environnement pas très permissif

Six centres de santé ainsi que l’Hôpital Général de Référence de Alimbongo ont été appuyés en équipement médicaux, médicaments et intrants nutritionnels. Dans ces structures, enfants malnutris et survivantes de violences sexuelles ont été pris en charge dans le cadre du projet. Dr Thadée KAVEHO MASUMBUKO, Médecin Chef de Zone de la ZS de Alimbongo, trouve que « l’intervention de HEAL Africa dans la ZS de Alimbongo a été vraiment salutaire. Femmes violées et enfants malnutris pris en charge, le personnel soignant formé sur diverses matières de santé, les structures sanitaires appuyées, cette intervention ne pouvait tomber mieux vu le besoin qu’elle a rencontré sur terrain ».

Néanmoins, bien des défis se sont dressés tout au long de l’exécution du projet dans la zone de santé de Alimbongo. D’abord, son implémentation a été lancée dans un contexte de gratuité des soins sur toute la zone de santé. « Les soins commençaient à peine d’être facturés. Déjà habituées à la gratuité des soins, les communautés locales ne fréquentaient vraiment plus les structures sanitaires. Il a donc fallu accentuer les sensibilisions au niveau communautaire », a noté M. Kambere Musavuli, Infirmier Superviseur de la ZS de Alimbongo.

Ensuite, certains aires de santé dans la partie sud-est de la zone de santé de Alimbongo ne sont pas accessibles en période de pluie suite au délabrement avancé des infrastructures routières, cela sans mentionner les collines de Bianze et Kandole, réputées pour les milices qui en ont marqué l’histoire.

La pandémie de Covid-19 a également rendu la tâche plus délicate aux activistes du projet. Intégrer les mesures étatiques et les gestes barrière lors des interventions dans des communautés où la maladie a virus Ebola a récemment fait des ravages, il en fallait trop pour que le message passe et que le feedback en témoigne la réussite.

Après le projet, qu’en dire ?

« Dans 6 aires sur les 21 de la zone de santé entre autres Kiribata, Kasingiri, Alimbongo, Vutsorovia, Lubango et Kalimba, le projet s’est appuyé sur la formation du personnel qui pourra continuer à prendre en charge les enfants malnutris et les femmes victimes de violences sexuelles et celles basées sur le genre même après la clôture du projet ; c’est notre façon d’en assurer la pérennisation », a laissé entendre Joël Kamavu Kitero, chef de projet.