Le soutien conjugal, pilier oublié de la santé mentale des femmes en contexte de crise

Le soutien conjugal, pilier oublié de la santé mentale des femmes en contexte de crise

Dans les régions marquées par les conflits, les crises humanitaires et les catastrophes, les femmes sont souvent les premières à tenir bon. Elles soignent, organisent, protègent. Elles assurent la continuité de la vie dans le chaos. Parmi elles, les professionnelles de santé portent une double charge : celle du soin à l’hôpital et celle des responsabilités familiales à la maison.

Dans ce contexte, HEAL Africa a organisé en mai dernier un atelier de détraumatisation à l’intention de femmes médecins, avec un objectif clair : leur offrir un espace pour apprendre à prendre soin d’elles-mêmes et retrouver un équilibre mental durable. Dans son intervention, le psychologue clinicien Jacques Batenga a rappelé que « le bien-être émotionnel et psychologique des femmes repose aussi sur le soutien qu’elles reçoivent de leur entourage familial, et plus particulièrement de leurs conjoints. »


Un apprentissage essentiel… mais insuffisant sans soutien


Au cours de cette séance, les participantes ont exploré divers outils pour mieux gérer la pression, reconnaître leurs émotions, renforcer leur confiance en elles, et prendre soin de leur corps et de leur esprit. Ces stratégies, aussi précieuses soient-elles, ne suffisent pas à elles seules. Très vite, une évidence a émergé : le soutien du conjoint est un facteur déterminant dans la mise en pratique de ces apprentissages.

Nombre de participantes ont témoigné d’un besoin profond de reconnaissance, de compréhension et d’appui dans leur quotidien. « Être écoutée sans jugement, pouvoir se reposer sans culpabilité, ou encore partager équitablement les tâches domestiques ne sont pas des privilèges : ce sont des conditions de base pour prévenir l’épuisement émotionnel » , a confié une participante.

Le soutien du conjoint est un facteur déterminant dans la mise en pratique de ces apprentissages.
Le soutien conjugal, pilier oublié de la santé mentale des femmes en contexte de crise
Le soutien conjugal, pilier oublié de la santé mentale des femmes en contexte de crise


Impliquer les hommes pour mieux protéger les femmes


Les programmes de prévention des violences basées sur le genre (VBG) doivent aujourd’hui aller au-delà de la réponse d’urgence. « Il est nécessaire d’adopter une approche familiale, inclusive, qui considère l’environnement social et affectif dans lequel évoluent les femmes » , a rappelé le psychologue Jacques.

Quelques pistes concrètes se dégagent :
• Sensibiliser les maris à la charge mentale invisible que portent leurs épouses et à l’importance d’un soutien émotionnel sincère ;
• Encourager le dialogue conjugal en créant des espaces sûrs d’échange avec des médiateurs formés ;
• Promouvoir la diffusion des messages inclusifs valorisant le partage des responsabilités domestiques et la contribution des hommes au bien-être psychologique des femmes ;
• Former les leaders communautaires et religieux pour qu’ils deviennent eux-mêmes des relais d’un discours d’équité, de respect mutuel et de bienveillance dans le couple ;
• Respecter le temps de repos des femmes professionnelles.


Une responsabilité collective


Le bien-être psychologique des femmes ne relève pas de la seule responsabilité individuelle. Dans les zones en crise, il constitue un véritable enjeu de santé publique. Une femme professionnelle de santé qui va bien, c’est une équipe plus stable, des patients mieux soignés, des enfants mieux encadrés. C’est une société plus résiliente.

Le soutien conjugal n’est ni un bonus, ni un geste de bonne volonté. C’est un droit, un besoin fondamental, un levier de transformation. Et c’est ensemble – femmes, hommes, communautés – que ce changement peut devenir une réalité.