Sensibiliser les communautés pour améliorer la santé de la femme et de la jeune fille
Samedi 25 Juillet 2020, des responsables scolaires, religieux et d’associations de la jeunesse de la ville de Goma ont été réunis dans la salle de conférence du pavillon LYN de l’Hôpital HEAL Africa pour une sensibilisation visant l’amélioration de la santé de la femme et de la jeune fille. Il s’agit d’une activité trimestrielle du projet Fistula Care Plus en partenariat avec HEAL Africa qui a momentanément été freinée suite aux impératifs liés aux mesures de réponse face àla pandémie de Covid-19.
« Les femmes ne meurent pas des maladies que nous ne pouvons pas traiter. Elles meurent parce que la société n’a toujours pas décidé que leurs vies méritaient d’être sauvées ». Cette phrase du Professeur Mahmoud Fathala, 1997 est l’idée que Dr Benjamin KALOLE, gynécologue-obstétricien de HEAL Africa a empruntée pour introduire l’entretien.
En 2015, l’OMS a estimé à546 sur 100 000 naissances le ratio de mortalité maternelle en Afrique Subsaharienne. En 2010, la même structure a évalué àenviron 287 000 le nombre de femmes qui meurent chaque année des suites des grossesses, ceci reparti sur une situation de 0,76% dans les régions développées et 99,24% dans les régions en développement. « Le drame ne s’arrête pas aux décès ; il s’y ajoute un nombre cinq fois plus grand de complications, séquelles ou handicaps » , renchérit Dr Benjamin.
Les femmes enceintes meurent de facteurs évitables
Dans la plupart des décès maternels et complications de l’accouchement, deux groupes de facteurs interviennent.
Le premier est relatif aux retards dans la prise en charge, le retard dans la prise de décision de recourir aux soins, àl’accès aux structures de santé ainsi qu’àla qualité des soins qui y sont dispensés.
Le deuxième groupe est relatif aux 4 TROPs. Les grossesses TROP précoces, contractées avant l’âge de 20 ans ; les grossesses TROP nombreuses, supérieures à5 ; les grossesses TROP rapprochées, celles contractées àmoins de 2 ans d’intervalle ; et les grossesses trop tardives, lorsque l’âge de la femme est supérieur à35 ans. Voilàles 4 TROPs qui ont été révélés par Dr Esther KITAMBALA de HEAL Africa dans sa présentation séance tenante. « En principe aucune fille ne devrait tomber enceinte avant 20 ans » , a-t-elle précisé. Aussi, un espacement des grossesses en-deçàde 2 ans ou une grossesse contractée au-delàde 35 ans d’âge comporte déjàdes risques. Généralement, ces facteurs sont souvent cumulés dans les pays sous-développés.
Ces quatre TROPs et ces 3 RETARDs débouchent souvent sur les hémorragies, les infections, les hypertensions sur grossesses « toxémies gravidiques » et les avortements qui sont des complications mortelles.
Les autres complications dites invalidantes qui surviennent au cours des accouchements difficiles, sont majoritairement la fistule obstétricale, définie comme une perte permanente des urines ou des selles par le vagin, et le prolapsus génital –défini comme la chute d’organes notamment la vessie, l’utérus, le rectum ou le vagin hors de leur emplacement normal.
Agir en amont pour améliorer la santé de la mère et de la jeune fille
L’efficacité des multiples interventions préconisées dans le domaine médical reste modeste. Par contre, la contraception constitue un moyen qui a, jusqu’ici, montré ses preuves. Elle permet actuellement aux couples d’avoir un nombre d’enfants désirés, de programmer la naissance d’un enfant, d’éviter les avortements surtout provoqués et, surtout, agir fort sensiblement sur les 4 TROPs. A ce propos Dr Benjamin souligne que « bien appliquée, la contraception réduit de 30% la mortalité maternelle » .
Néanmoins, l’accès àla contraception est encore trop faible dans les pays sous-développés. Cette faible utilisation est grandement due aux fausses idées préconçues y relatives qui circulent dans la communauté. Il y a par exemple cette idée erronée faisant de la contraception une cause des cancers. « Cela est complètement inexact vu que, d’ailleurs, il est prouvé actuellement que l’usage des pilules contraceptives combinées réduit le risque de contracter le cancer de l’endomètre et de l’utérus » , a avancé le gynécologue.
Une autre idée fait de la contraception un élément perturbateur de la vie sexuelle. Le contraire semble plutôt le plus probant parce que, par le fait que la contraception écarte la peur de contracter une grossesse, elle épanouit plutôt la vie sexuelle. Une troisième idée préconçue est celle de cet enfant qui serait né tenant un stérilet dans sa main. Il aurait livré, dit-on, un message àsa mère lui interdisant l’usage de contraceptifs. L’intrigue c’est que personne ne dira avec exactitude où cet enfant était né, quand, et encore moins qui sont ses parents.
Tout compte fait, l’essentiel c’est de chercher àavoir l’information àla source, parce que seul un agent de santé ou une personne formée en matière de contraception est autorisée àprescrire une méthode contraceptive àune femme, cela après un examen et un counseling avec explication sur toutes les méthodes contraceptives, laissant ainsi àla femme le choix parmi plusieurs options de contraception.
L’implication immédiate et correcte de l’homme est capitale pour une bonne santé de la femme et de la jeune fille. C’est ici l’un de ces domaines où la masculinité positive devrait siéger. Le rôle des acteurs sociaux est primordial. Leur sensibilisation passe par des actions simples mais très efficaces au sein de la communauté. Il est fondamental d’éduquer les communautés àéviter les avortements clandestins, les mariages précoces, àorienter les femmes qui ont des complications vers les structures de santé.
« Ensemble, mobilisons-nous pour réduire la mortalité maternelle et les complications de la grossesse, et nous gagnerons la bataille » .