Chirurgie réparatrice gratuite pour la femme du Maniema : 200 patientes délivrées des fistules et prolapsus génitaux.
La fistule obstétricale, le prolapsus génital, la déchirure de périnée et maintes autres pathologies découlant d’accouchements multiples et difficiles, voilàqui demeure sérieux un problème de santé publique au niveau communautaire dans plusieurs provinces de la République Démocratique du Congo y compris la province du Maniema. Suite àla pauvreté, au manque de soins obstétricaux appropriés, àl’absence ou àl’insuffisance de personnel soignant qualifié, le travail d’accouchement demeure un calvaire qui débouche sur le développement de diverses pathologies dans la région.
« Considérant l’Enquête Démographique et de Santé de la RDC de 2014, environ 25% des femmes en milieu rural accouchent àdomicile, contre 6% en milieu urbain. Cet état des choses expose les femmes aux complications de l’accouchement entre autres les fistules obstétricales, les prolapsus génitaux et les déchirures de périnée » , a renseigné Dr Justin PALUKU, Gynécologue-Obstétricien et Chirurgien des fistules de l’Hôpital HEAL Africa de Goma, alors àla tête de la clinique mobile en mission de campagne chirurgicale pour femmes dans le Maniema.
C’est àpartir du 06 Juin 2022 que la Clinique Mobile d’uro-gynécologie de l’Hôpital HEAL Africa de Goma a lancé une campagne de chirurgie mobile pour femmes àl’Hôpital Général de Référence de Kunda, àKipaka, Zone de Santé de Kunda en province du Maniema, campagne qui a été clôturée àl’Hôpital Général de Référence de Tunda, Zone de Santé de Tunda en territoire de Kibombo, dans le cadre de l’exécution du projet de Prévention et Réponse aux Violences Basées sur le Genre (PRVBG) en province du Maniema, grâce àl’appui du Fonds Social de la République Démocratique du Congo sous financement de la Banque Mondiale.
Les femmes célèbrent leur guérison
« Cette intervention qui m’a valu ma guérison ne m’a rien couté du tout, contrairement aux autres tentatives de réparation que j’ai subies par le passé » , a noté Mme Christine àsa sortie d’hôpital, enfin libérée d’un prolapsus génital qui l’avait renfermée dans une pénible réclusion des années durant, ne pouvant plus rien entreprendre suite aux limitations lui imposées par cette maladie. Toute heureuse àl’idée de regagner son village, elle ponctuait ses phrases de sourires satisfaits.
Le premier groupe de femmes guéries a quitté l’hôpital le Mardi 14 Juin 2022. Les chansons festives qu’elles scandaient ont constitué l’ultime expression de leur gratitude face àcette « guérison providentielle » telle qu’elles la qualifient.
Guéries, des femmes sensibilisent leurs communautés
Par crainte de rejet social, la femme a tendance àgarder sa maladie secrète. « Dans la plupart des milieux coutumiers de la région du Maniema, l’écoulement incontrôlé d’urines chez une femme a longtemps été entouré de bien de raisons toutes déplaisantes les unes que les autres. Du coup, la femme avec fistule se garde de dévoiler sa maladie àson entourage » , avance Dr Atibu Yuma, superviseur médical pour le compte du projet PRVBG Maniema exécuté par le FSRDC àtravers son partenaire HEAL Africa.
A contre-courant de cette culture sociale défavorable au bien-être de la femme du Maniema, les patientes guéries se dressent en sensibilisatrices quant àla prévention et la disponibilité des soins réparateurs. C’est le cas de Mme Byokola, qui a parcouru environ 165 kilomètres avec des moyens incertains pour pouvoir bénéficier de la campagne. « J’en fais un devoir d’encourager mes amies àvenir profiter des soins gratuits durant cette campagne et celles àvenir. J’ai compris qu’il n’y a rien de sorcier dans l’écoulement incontrôlé d’urines après accouchement dans notre environnement » , déclare-t-elle.
« Je n’aurais jamais eu le courage de m’afficher avec ces odeurs d’urines. C’est simplement parce que je n’en pouvais plus de ma fistule que j’ai eu le courage de venir àl’hôpital. J’ai surmonté cette peur du regard des autres, et me voilàguérie ! » , a joyeusement déclaré Mme Amina, une autre bénéficiaire guérie durant la campagne.
Après la précédente campagne de réparation des fistules exécutée par HEAL Africa àl’Hôpital Général de Référence de Kunda àKipaka en 2018 et celle tenue récemment àKasongo en 2021, les femmes ont été nombreuses àattendre le retour de l’équipe de HEAL Africa, forte de l’appui du Fonds Social de la République, pour avoir leurs pathologies réparées.