Entre défis sanitaires et enclavement du Maniema, la femme en proie aux complications de l’accouchement

L’accouchement est généralement perçu comme un objet de bonheur dans un ménage, une famille, une communauté. Accueillir un nouveau bébé dans son foyer, il n’y a rien de plus réjouissant pour un couple. Traditionnellement, la venue au monde d’un enfant était arrosée de cadeaux en guise de félicitations aux parents –surtout à la mère– pour l’endurance dont elle aura fait preuve neuf mois durant face aux souffrances et limitations que lui aura imposées la grossesse.

Comme dans la plupart des régions enclavées en République Démocratique du Congo, les zones rurales de la province du Maniema enregistrent une inquiétante prévalence des complications gynéco-obstétricales. En 2021, un rapport de UNFPA a estimé entre 5000 et 7000 nouveaux cas des fistules obstétricales qui surviennent chaque année en RDC.

« Chaque grossesse ouvre le champ à des risques aussi indéfinis qu’infinis, des inquiétudes liées à la kyrielle des complications pouvant survenir avant, pendant et/ou après l’accouchement » , a observé Dr SENGI Roger, Médecin Chef de Zone a.i de la ZS de Kibombo, dans son mot de bienvenue à l’équipe de la clinique mobile d’uro-gynécologie de l’Hôpital HEAL Africa de Goma alors en mission de campagne de chirurgie mobile pour femmes dans la province du Maniema.

A contre-courant de cette situation calamiteuse, HEAL Africa et certains de ses partenaires comme le Fonds Social de la République Démocratique du Congo travaillent à la réparation des fistules, prolapsus géniaux, déchirures de périnée et bien d’autres complications gynécologiques handicapantes pour la femme et la communauté.

Ce travail réparateur s’effectue à l’Hôpital HEAL Africa de Goma et dans l’arrière-pays à travers des campagnes chirurgicales gratuites pour femmes. La dernière en date a été lancée le 18 Mars 2023 à l’Hôpital Général de Référence de Kasongo dans la zone de santé de Kasongo, et clôturée le 09 Avril 2023 à l’HGR de Kibombo, territoire de Kibombo, dans la province du Maniema.

C’est grâce aux fonds de la Banque Mondiale que la campagne a été tenue, dans le cadre de l’exécution du projet de Prévention et Réponse aux Violences Basées sur le Genre, un projet du Gouvernement de la RDC exécuté conjointement par HEAL Africa et le Fonds Social de la République.

220 femmes porteuses de pathologies gynéco-obstétricales guéries

C’est une foule nombreuse des femmes qui a accueilli l’équipe des spécialistes en provenance de Goma, Hôpital HEAL Africa, pour bénéficier des soins rendus gratuits durant la campagne leur annoncée quelques mois plus tôt. La patientes provenaient des recoins les plus isolés des ZS de Kasongo, Tunda, Kibombo et des contrées avoisinantes. Une deuxième catégorie des femmes soignées sont celles qui avaient précédemment raté les soins pour raison de retard quant à leur arrivée dans les hôpitaux hôtes aux campagnes antérieures par HEAL Africa dans la région.

« Le bonheur qui transparait dans les sourires de ces femmes guéries est à la mesure de leur espoir restauré après autant d’années des souffrances sous le poids des maladies qu’elles portaient » , a joyeusement observé Dr MUKANDO Alain, Médecin Directeur de l’HGR de Kibombo, lors de la clôture de la campagne.

Sa santé rétablie après 3 longues années d’atroces souffrances physiques et émotionnelles liées à une fistule contractée en accouchant, Mme Yoari (nom d’emprunt) a été la plus heureuse à annoncer la fin de ce qu’elle a qualifié de « calvaire de sa vie » . Suite à l’enclavement de la région, elle n’avait pas pu se déplacer de son village pour l’HGR de Kibombo afin de bénéficier des soins gratuits qui y avaient été précédemment dispensés par HEAL Africa et le FSRDC au mois de Septembre 2021.