HEAL Africa, Appui àla justice : 24 autres jugements rendus pour des dossiers de violence sexuelle àLubero
Le 18 Novembre 2022, le verdict tombe : 18 jugements de condamnation àdes peines allant de 10 à20 ans de servitude pénale et paiement d’amendes, 3 jugements d’acquittement, 3 dossiers renvoyés au rôle ordinaire et un dossier reconduit pour raison de jugement déjàrendu. C’est le verdict des 25 affaires de violence sexuelle alignés àl’extrait des rôles durant les audiences foraines du Tribunal Militaire de Garnison de Butembo dans la commune rurale de Lubero, du 09 au 18 Novembre 2022.
Ces audiences viennent en réponse àla requête d’appui adressée àl’organisation HEAL Africa par le Tribunal Militaire de Garnison de Butembo devenu officiellement autonome àpartir du 16 Juillet 2022. Initialement prévues du 17 au 26 Août 2022, ces activités d’audiences foraines ont été reportées en raison de l’évasion massive des détenus incarcérés àla prison centrale de Kakwangura (Butembo), incident survenu en date du 10 Août 2022. Parmi les évadés figuraient des auteurs présumés de crimes de violence sexuelle.
C’est dans le cadre de l’exécution du projet de Prévention et de Réponse aux Violences Basées sur le Genre (PRVBG), un projet du gouvernement congolais àtravers Fonds Social de la République et exécuté par HEAL Africa avec l’appui de la Banque Mondiale que les 25 dossiers de violence sexuelle pendants devant le TMG de Butembo ont été jugés, et que les victimes survivantes ont trouvé réparation aux préjudices subis.
Eduquer la communauté àlutter contre les VBG
La tenue des audiences publiques au sein des communautés où les infractions ont été commises répond àl’idée du rapprochement de la justice aux justiciables. « Témoin de la commission des faits, il est très important que la communauté soit également témoin du jugement des bourreaux » , a souligné M. Jacques Batenga, chef de projet àHEAL Africa.
Dans le contexte actuel des conflits armés dans la partie Est de la République Démocratique du Congo, la violence a atteint son point le plus culminant. Plus que jamais, le viol se dresse en arme de destruction massive et d’un caractère invasif. « La femme est au centre de l’économie de son foyer dans les milieux ruraux de la RDC. Violée, elle perd son honneur, sa dignité. Elle a peur et n’est donc plus capable de travailler pour son foyer, sa famille, sa communauté. Le viol la place ainsi dans un état d’inactivité, d’improductivité. A ce niveau, c’est la communauté qui en paie le prix » , a toujours avancé Dr Jonathan M. Lusi, cofondateur de HEAL Africa.
Il devient donc impératif que la communauté s’approprie la lutte pour l’éradication du viol et de toute autre forme de violence basée sur le genre.
Ayant assisté àl’intégralité des comparutions durant les audiences, M. Jeannot, un habitant de Lubero, a radicalement changé son regard sur la question des violences sexuelles et basées sur le genre. Les peines prononcées lui ont été plus qu’éducatives, affirmant qu’il connaissait certains condamnés qui ont écopé de lourdes peines.
« Déjàque c’est un calvaire que de rester inactif une semaine durant àla maison, je n’ose pas imaginer la vie dans une cellule de prison 20 ans durant » , a-t-il asserté, après le prononcé des jugements, le 18 Novembre 2022. Et àM. Ferdinand d’ajouter, « Des peines variant entre 10 et 20 ans de prison, cela vous ramène forcement àla raison » . Personnel administratif commis au bureau communal de Lubero, il est revenu sur la multitude des cas de VBG qu’ils doivent traiter sur une base journalière.
Dans son système de prise en charge holistique, l’assistance juridique et judiciaire fait partie intégrante du paquet de la prise en charge multisectorielle que HEAL Africa, fort de l’appui du Fonds Social de la Republique, met àla disposition des survivant(e)s des violences sexuelles et basées sur le genre. Cela boucle le circuit de leur prise en charge qui intègre également l’aspect médical, un accompagnement psychosocial et une réinsertion socioéconomique des survivantes.