Journée Internationale pour l’Elimination de la Fistule Obstétricale : 331 cas réparés àHEAL Africa en 2021
Dans ce contexte de pauvreté, d’infrastructures routières et sanitaires en délabrement avancé et, très souvent, avec un personnel peu qualifié dans la conduction d’accouchements, la femme demeure la principale victime des conflits armés persistants dans la partie Est de la République Démocratique du Congo, depuis plusieurs dizaines d’années.
Pour donner naissance, elle doit traverser des kilomètres sur des routes quasi-inexistantes et avec des moyens rudimentaires pour atteindre la première structure de santé. Cela ne fait qu’amplifier les risques de complications de l’accouchement auxquels elle est exposée.
Les milieux ruraux de la RDC sont caractérisés par un contexte culturel qui ne facilite pas àla femme d’accomplir pleinement cette tâche noble qui est sienne de donner la vie. Dans certains villages du Kasaï Central, par exemple, une femme avec fistule est désignée péjorativement en termes de « fontaine àurines » . « Plusieurs fois j’ai été taxée de sorcière dans mon village parce que j’avais une fistule. Cet écoulement incontrôlé d’urines que j’avais développé en donnant naissance était plutôt perçu comme un châtiment des ancêtres pour un mal que j’aurais commis » .
Contracter une fistule rend la femme encore plus vulnérable
La situation des guerres et conflits armés permanents àl’Est de la RD Congo garde la femme congolaise dans un état de perpétuelle vulnérabilité. « Dans les régions les plus touchées, bien des hommes ont perdu leur pouvoir économique. Par voie de conséquence, ces hommes deviennent violents envers leurs epouses et leurs enfants » , renseigne Samuel MUSISIVA, psychologue et chef de projet àHEAL Africa. Dans cet état des choses, il devient infernal de développer une fistule.
Parfois accablée d’autres limitations physiques et sociales, la femme se retrouve dans les recoins les plus sombres de son existence. C’est le cas de Mme Agnès, guérie d’une fistule qu’elle avait contractée pendant un travail d’accouchement en 2009. Alors qu’aveugle depuis environ 14 ans, elle a vu sa situation empirer lorsqu’elle a perdu le contrôle sur l’écoulement de ses urines.
Sensibiliser àl’élimination de la fistule obstétricale
Célébrée le 23 Mai chaque année, la Journée Internationale pour l’Elimination de la Fistule Obstétricale –JIEFO– a été placée sous une ambiance d’échange àl’Hôpital HEAL Africa, Goma. La séance a réuni des journalistes, des autorités administratives de la ville de Goma, ainsi que des patientes de fistule en attente de rétablissement complet et certaines autres alignées pour l’intervention.
L’idée c’est de sensibiliser la communauté sur les mesures mitigatives face àcette pathologie handicapante. L’année 2022, la JIEFO a été célébrée sous le thème, « Eliminer la fistule des aujourd’hui : investir dans les soins de santé de qualité, autonomiser les communautés » .
Fort de l’appui de ses partenaires, HEAL Africa répare gratuitement la fistule obstétricale depuis plus de deux décennies. Il s’agit d’une communication anormale établie entre le vagin et la vessie (fistule vésico-vaginale) ou entre la vessie et le rectum (fistule vésico-rectale) ou encore entre le vagin et le rectum (fistule recto-vaginale), àla suite d’un accouchement compliqué.