Kibombo, Maniema : 102 femmes avec complications gynécologiques réparées gratuitement
C’est au total 102 femmes qui ont bénéficié d’une réparation gratuite de leurs pathologies gynécologiques lors de la campagne de chirurgie mobile pour les femmes porteuses de diverses complications post-accouchement et/ou résultant de viol et violences basées sur le genre, campagne tenue àl’Hôpital Général de Référence de Kibombo, en province du Maniema, du 23/07 au 14 Août 2021.
Exécutée par l’équipe de l’Hôpital HEAL Africa de Goma dans son volet Clinique Mobile en Uro-gynécologie, la campagne a été menée avec l’appui de la Banque Mondiale, àtravers le Fonds Social de la République Démocratique du Congo. Longtemps demeurée sous les tribulations liées àleurs pathologies, ces femmes bénéficiaires ont été les plus heureuses d’être délivrées de ces « limitations sociales » , telles que les a décrites Mr. LUBENGA OMARY Exechiel, Administrateur du territoire de Kibombo, province du Maniema, dans son mot de circonstance lors du lancement de la campagne.
« C’est un grand signe d’amour et de patriotisme que de venir d’aussi loin pour soulager la femme du Maniema » , a-t-il asserté.
Les bénéficiaires sont venues de la ZS de Kunda, la ZS de Kindu, celle de Kasongo et, enfin, la ZS de Kibombo avec ses 8 aires de santé. En commun, les femmes réparées présentaient des complications uro-gynécologiques (fistules vésico-vaginales, des prolapsus utérins, cystocèles, rectocèles, et déchirures du périnée) dues àl’accouchement ou àla violence sexuelle.
Soigner la femme malgré les limitations communautaires
En RD Congo, la province du Maniema figure parmi celles où la femme vivant en milieu rural a moins de chances d’étudier. La Stratégie Nationale d’Alphabétisation et Education Non Formelle –AENF– a rapporté un taux d’analphabétisme de 50,8% pour les femmes vivant en milieu urbain au Maniema, en 2020. Le phénomène s’amplifie encore plus du fait des limitations culturelles et infrastructurelles en milieu rural.
Ce trait du quotidien des recoins les plus reculés de la province du Maniema amoindrit davantage les chances de la femme àaccéder àl’information, ce qui cède la place aux rumeurs et diverses idées préconçues. « Deux de mes voisines porteuses de fistules n’ont pas voulu faire le voyage pour les soins, parce qu’elles auraient entendu dire que les médecins prélèvent des organes vitaux aux patientes lors des interventions pour ensuite les revendre. Personnellement, je suis venue parce j’étais disposée àtenter l’impossible pour être délivrée de cette fistule qui me torturait depuis près de 9 ans » , s’est confiée Cécile, une bénéficiaire guérie.
Jeannette est une autre bénéficiaire qui a été répudiée par son mari qui, se basant sur une tradition en vigueur dans son village, considérait le prolapsus utérin que portait sa conjointe comme une manifestation physique de sa damnation. « J’ai d’abord perdu mon enfant, et mon mari m’a abandonnée 5 mois plus tard, craignant que je ne lui porte malheur. Guérie, je ne sais comment exprimer ma gratitude envers HEAL Africa et Fonds Social RDC qui, grâce au financement de la Banque Mondiale àtravers le projet de Prévention et de Réponse aux VBG, sont venus nous soigner gratuitement ici au village, nous ont nourries et vêtues » , a-t-elle déclaré, versant des larmes de joie àsa sortie d’hôpital.
La campagne a connu un engouement qui ne peut s’expliquer que par la prévalence des fistules, prolapsus et bien d’autres complications gynécologiques dans la province du Maniema. Leurs pathologies réparées, les femmes bénéficiaires n’ont pas caché leur satisfaction face au supplice dont elles ont été libérées, et ont promis de s’adonner àla sensibilisation de leurs compères présentant des problèmes gynécologiques et qui sont restées réticentes dans leurs villages.
La campagne a été conclue dans un climat de gaieté ponctué de remerciements de la part des bénéficiaires et autorités locales envers HEAL Africa, le FSRDC et la Banque Mondiale pour ce grand geste réparateur àl’égard de la femme de la province du Maniema.