Santé de la reproduction àKibombo : Echange d’expérience pour la dignité féminine
Il n’est pas toujours évident d’avoir des médecins spécialistes dans l’arrière-pays, en RD Congo. La zone de santé de Kibombo, en l’occurrence, fait face àce défi relatif aux soins accordés àla femme. Elle ne dispose d’aucun médecin spécialiste en gynéco-obstétrique, et l’équipement utilisé dans les structures de santé n’est pas toujours d’une modernité évidente. La précarité de la vie socio-économique qui caractérise le quotidien de la femme congolaise ne lui rend pas le traitement commode non plus, en province du Maniema.
A en croire les propos de Selena, une patiente qui a eu sa fistule recto-vaginale réparée au cours de la campagne de chirurgie mobile pour femmes exécutée en Juillet-Août 2021 àl’Hôpital Général de Référence de Kibombo par HEAL Africa, avec l’appui de la Banque Mondiale àtravers le Fonds Social de la République Démocratique du Congo (FSRDC), « […]donner la vie et garder sa bonne forme physique est un fait qui relève de la plus haute providence ».
Des pathologies évitables
« Généralement, les complications de l’accouchement surviennent àla suite de facteurs évitables qui peuvent être regroupés dans le vocable 4 TROPS : les grossesses trop précoces, les grossesses trop tardives, les grossesses trop nombreuses et celles trop rapprochées », note Dr Justin Paluku, Gynécologue-Obstétricien et chirurgien des Fistules àl’Hôpital HEAL Africa de Goma, alors àla tête de l’équipe médicale qui a exécuté la campagne àl’HGR de Kibombo.
Couplés aux éléments du contexte culturel de certains milieux conservateurs en RDC, ces facteurs deviennent encore plus prononcés. Les études menées autour de la question révèlent qu’en milieu rural, l’exclusivité de la décision d’amener la femme enceinte vers les structures de santé revient àson mari. Le délabrement avancé des infrastructures routières rend encore plus rude le cheminement des femmes enceintes vers les hôpitaux. « Du coup, de celles qui n’accouchent pas àdomicile, certaines femmes voient leurs enfants naitre en chemin vers l’hôpital», signale Mr. Pierre, mobilisateur communautaire en territoire de Kibombo.
Mentorat : partage d’expériences pour améliorer les soins de proximité
Chaque campagne des soins àtravers la RDC constitue pour HEAL Africa une opportunité de partage d’expériences en vue de rehausser la qualité des soins dans les recoins les plus reculés du pays. Cela rencontre l’idée des soins de proximité prônés par HEAL Africa, structure reconnue comme centre d’excellence en matière de formation continue du personnel soignant àl’Est de la RDC.
« Pour nous c’est un devoir que de rendre le personnel soignant local capable de diagnostiquer une fistule, un prolapsus génital, et les autres complications de l’accouchement. Dans la mesure du possible, qu’ils sachent administrer les premiers soins aux porteuses de ces pathologies », indique Dr Justin Paluku.
La réussite de chaque campagne de chirurgie mobile pour femmes exige des séances d’échange avec les soignants locaux devant y participer. Ainsi, 20 personnes –médecins et infirmiers– ont bénéficié de sessions de mentorat pour un transfert de compétences tout au long de la campagne. Les thématiques traitées concernaient tous les aspects de la prise en charge chirurgicale des patientes, partant de l’accueil digne et humanisé jusqu’àla sortie de l’hôpital après l’intervention, et prenant en compte la prévention et le contrôle des infections en milieu hospitalier.
« Nous venons d’acquérir de nouvelles pratiques quant àl’orientation du diagnostic pour nos patientes présentant des complications post-accouchement ; cela nous sera très utile même après le départ de l’équipe des spécialistes de HEAL Africa », s’est confié Dr SENGI DIANGBO Roger, Médecin Directeur de l’HGR de Kibombo.
L’appui de la Banque Mondiale àtravers le FSRDC a permis àHEAL Africa de redonner espoir àla femme de la province du Maniema, dans le cadre du projet de Prévention et Réponse aux Violences Basées sur le Genre, PRVBG.