TUISHI AMANI : Célébrer la transformation des masculinités

164 couples ont pris part à la cérémonie de clôture des groupes de parole entretenus 15 semaines durant par HEAL Africa dans le cadre de l’exécution du projet « Implication des hommes dans le maintien de la sécurité et de la stabilité à l’Est de la République Démocratique du Congo ». Avec le soutien de l’Ambassade des Pays-Bas à travers Living Peace Institute, ces groupes ont été opérationnels en territoires de Masisi, Nyiragongo et Goma rural amenant ainsi le nombre des couples ambassadeurs de la paix à 1563 depuis le début du projet en 2015, et 60 000 personnes sensibilisées sur la cohabitation pacifique.

La célébration communautaire a connu la participation de leaders locaux pour qui, comme l’a déclaré le Mwami BULENDA BITSIBU Primo, chef de groupement Kamuronza, « l’intervention de HEAL Africa et ses partenaires vient apporter l’appui dont nous avons toujours eu besoin. Depuis que les groupes thérapie ont été établis dans nos communautés, nous recevons de moins en moins de plaintes de violences conjugales » .

Dans les villages Shasha et Bweremana en territoire de Masisi, au quartier Buhimba/Lac Vert de Goma, et au village Kiziba en territoire de Nyiragongo, sites où les groupes thérapie ont été opérationnels, la célébration communautaire a été ponctuée de moments de joie globale, des jeux de rôle illustrant le changement opéré et, au plus haut point, de partage de témoignages des couples dorénavant transformés.

Un soutien psychologique aux hommes dans un contexte de conflit

En provinces du Nord et Sud Kivu, des études ont montré que beaucoup d’hommes sont traumatisés et vivent l’impression d’une impuissance avérée face aux retombées socio-économiques des guerres à répétition qui caractérisent la partie Est de la RD Congo depuis plus de trois décennies. Face à la perte et la douleur qui font leur quotidien, ces hommes développent des comportements négatifs tels que la consommation abusive d’alcool, la bagarre et diverses formes de violence envers les femmes.

Rendus vulnérables dans un contexte culturel qui, en général, les encourage à être forts et dominants, ces hommes deviennent incapables de satisfaire aux attentes de la culture. Leurs capacités d’homme et leurs rôles sociaux ébranlés par ces diverses expériences traumatiques, ils finissent dans un cycle indéfinissable de violences à domicile et au sein de la communauté.

Beaucoup d’hommes ont du mal à demander de l’aide pour résoudre leurs problèmes, car il ne leur est pas aisé d’afficher leur vulnérabilité. Ils préfèrent, de ce fait, brandir leur force et leur puissance tout en masquant leur souffrance. Un soutien psychologique pour ces hommes est nécessaire afin de les aider à faire face au traumatisme de la violence et à éviter les comportements à risque.

Lancée le 18 Juillet 2021, cette deuxième phase de la cinquième année d’existence des groupes thérapie TUISHI AMANI –traduire « VIVONS LA PAIX », et dont la clôture a été placée dans la célébration communautaire en cette fin du mois de Septembre 2021 incarne la réponse de HEAL Africa et ses partenaires face à cette situation où la masculinité est devenue un outil de violence basée sur le genre.

Transformer les masculinités
Pour apprendre aux hommes à résoudre leurs problèmes de manière non violente, une thématique diversifiée axée sur la transformation des masculinités a été développée dans leurs groupes thérapie restreints. 14 semaines durant, 14 séances ont réuni 15 participants dans chacun des groupes établis dans les sites précités, avec pour objectif d’éveiller la conscience des familles et des communautés entières quant à la problématique des violences basées sur le genre, le soutien dont ont besoin les hommes et leurs épouses pour pérenniser les changements réalisés et devenir des ambassadeurs de la paix.

« Je n’avais jamais imaginé un tel bonheur dans mon foyer. Mon mari qui n’hésitait pas de lever la main sur nos enfants et moi-même à chaque fois qu’il revenait soul à la maison est devenu le parfait modèle masculin pour tout notre entourage» , a déclaré Mme OMBENI BALABA, épouse d’un participant au quartier Buhimba/Lac-Vert, Goma.