« Les fentes labiales et palatines ne font pas obstacle àla vie : elles sont réparables »
Dans plusieurs pays d’Afrique subsaharienne, le fait d’avoir la lèvre fendue àla naissance est perçu soit comme une manifestation de la colère des ancêtres, soit l’expression d’un châtiment des parents àla suite de quelque entreprise malveillante. « Parfois le nouveau-né porteur de la fente est considéré comme un objet de culte » , a rapporté l’infirmier Sylvain Kwiratuwe, coordonnateur du projet Smile Train àHEAL Africa, au retour d’une campagne de réparation des fentes en province du Kasaï, RDC.
En fait, son équipe venait de délivrer d’une large fente labio-palatine un enfant qui, dans la région, faisait objet de culte fétichiste pour des milices locales. « Les parents de l’enfant avaient pris tellement peur qu’ils avaient, pendant des jours, caché leur bébé dans la brousse àl’abri des milices locales qui avaient fondé leurs incantations sur le nouveau-né » , poursuit-il.
Ajouter tout ceci aux limitations articulatoires de la personne porteuse de la fente, cela ne génère que de la stigmatisation dans le camp du patient et de ses proches. Réparer une fente labiale et/ou palatine est donc providentiel pour son porteur et ses proches.
Une prise en charge multidimensionnelle
Dans les environnements les mieux équipés, la fente est remarquable même en intra-utérin. A HEAL Africa, une fois la fente repérée, des mesures sont prises pour préparer les parents àla naissance de leur bébé porteur de la fente.
A l’accouchement commence le suivi nutritionnel du nouveau-né pour le préparer àl’intervention. Cet accompagnement de l’enfant vise àle placer dans des conditions sanitaires qui se prêtent àl’intervention réparatrice. Pour la fente labiale, la chirurgie se fait àl’âge minimal de trois mois, pendant que l’intervention sur la fente palatine n’est envisageable que lorsque l’enfant atteint les neuf mois requis. Cette catégorie d’intervention nécessite parfois un accompagnement en logopédie pour apprendre au patient àarticuler.
Parfois la prise en charge est complétée par orthodontie. Ceci consiste au réarrangement des dents pour qu’elles reprennent l’alignement normal, ainsi que les greffes vélaires, ce qui ne se fait qu’àl’âge minimal de 12 ans.
Intervenir dans la mesure du possible
Assurant l’accompagnement psychologique des parents qui attendent un enfant porteur d’une fente, le suivi nutritionnel du nouveau-né malformé et la chirurgie réparatrice le moment venu, HEAL Africa ne prend en charge que ces trois aspects de cette prise en charge multidisciplinaire des fentes labiales et/ou palatines. L’absence de logopède et d’orthodontiste en RDC limite donc le suivi du patient.
« Des 2100 patients qui ont eu leurs fentes réparées àtravers la République Démocratique du Congo, 75% sont des enfants. Leur prise en charge nécessite un plateau anesthésique approprié, une consistance adéquate requise en matériels et un personnel expérimenté» , rapporte Poteau KATSUVA, infirmier anesthésiste-réanimateur àl’hôpital HEAL Africa, Goma. Mener des interventions de cette carrure dans les recoins les plus enclavés de la RD Congo tel que Kabinda en province de Lomami, Kasongolunda au Kwango, Katakokombe au Sankuru, Luiza au Kasai, Libenge dans l’Equateur, n’aurait pas pu être possible sans l’intense collaboration de Smile Train.